– Mikaela Lantoine –

– Mikaela Lantoine –
Si vous êtes une femme, vous est-il déjà arrivé qu’un vendeur vous propose de vous porter quelque chose de lourd jusqu’à votre voiture? Lorsque cela m’arrive, la question qui me vient est : « Si j’avais été un client plutôt qu’une cliente, me l’aurait-il spontanément proposé? »
Je vous propose ici de vous partager ce que cette question m’a conduite à explorer. Les pistes étudiées ici sont d’un plan symbolique et analogique. Cette réflexion se fait donc hors de tout de toutes considérations de genres et uniquement du point de vu ce que l’on nomme parfois le « féminin et masculin sacrés », « le Yin et le Yang »… Pour faire la distinction entre l’aspect analogique et les références aux genres sexués, j’écrirai donc Féminin et Masculin avec ces majuscules lorsqu’ils sont utilisés dans le sens « sacrés » et symboliques.
Ce constat me semble en effet être un indice intéressant sur les liens qui existent dans l’inconscient collectif entre la force et le masculin d’un côté et la faiblesse et le féminin d’un autre côté. Ce constat est d’autant plus intéressant que le Féminin est analogique avec le ressenti et que nous sommes parfois animés par la croyance que le ressenti est une marque de faiblesse.
Or dans les analogies de l’inconscient universel tel que l’a découvert Jean-Philippe Brébion, il en est tout autrement. En effet, la force est analogique avec la terre qui est le solide sur quoi nous nous appuyons et avec le Féminin. Celui-ci étant également analogique avec notre ressenti, comme il vient d’être dit plus haut, notre force est donc d’être présent-e à notre ressenti en l’expérimentant sans référence extérieure à soi. Alors que le Masculin est analogique avec le ciel et donc l’abstrait, le subtile, l’inexploré, l’inspirant et tout ce qui nous guide, anime notre volonté, le point vers lequel tend notre élan, le sens de notre vie, le focus vers lequel se concentre notre action. La force est ainsi le propre de la matière et du Féminin alors que l’inspiration, que certains appellent « Divine », le propre du Masculin.
Dans le constat du monde dans lequel nous vivons, c’est sur la terre que nous pouvons nous appuyer avec force. Une force à l’image du feu au centre de la Terre, ce feu capable de jaillir avec puissance lors de la formation d’un volcan. Une force qui soutien l’arbre profondément enraciné dans la terre. Quant au ciel, il est ce qui nous guide, que ce soit pour la navigation ou l’astrologie. Il représente notre rêve d’inexploré, notre soif d’inconnu, notre envie de nouveaux horizons, la quête de sens de l’existence…
Si d’autre part nous nous référons aux caractéristiques physiques des êtres dont la biologie à une dominance majoritairement féminin ou masculin, on constate que de manière générale, et je dis bien générale, qu’un corps masculin est biologiquement programmé pour fabriquer davantage de muscle alors qu’un corps féminin davantage de graisse afin de nourrir l’enfant qu’elle porte en gestation. Ces caractéristiques ont probablement un lien avec nos croyances amalgamant le Masculin et la force. En les abordant sous l’angle du Principe l’invitation pour l’homme de manière générale, est vivre ce qui est force en son Être, c’est-à-dire son ressenti et pour la femme c’est une invitation à être création.
Ainsi notre véritable force est d’expérimenter d’instant en instant un ressenti unique. La force c’est donc s’autoriser la vulnérabilité de laisser la parole au corps en l’ habitant pleinement, c’est se sentir libre Être en ayant pour seul référence l’expérience unique de l’instant.
-Mikaëla Lantoine-
Avez-vous déjà observé combien le jugement peut prendre différentes formes ?
Quand je me dévalorise, je me juge. Quand j'agis en sauveur ou en victime, je juge le situation. Quand j'agis comme si le monde reposais sur mes épaules, je juge qu'il ne sera pas parfait sans mon intervention. Quand je vis dans un idéal, je juge ma perception du l'existence. Quand je ne m'aime pas, je me juge comme pas aimable. Quand je suis la voie des habitudes, je juge la nouveauté et l'inconnu. Quand je cherche à contrôler, je juge les potentialités. Quand je tiens avant tout compte de la parole des autres, je juge mon ressenti. Quand je met des conditions, je juge le moment présent.
Pour aller plus loin sur le sujet :
Lorsque je me dis que je suis nul ou pas assez bien pour telle chose ou telle personne, que je me dis que je suis moins bien que untel, je juge ma valeur et le jugement devient dévalorisation. Mon mental, fonctionnant de façon binaire, ne peut percevoir mes caractéristiques que comme des défauts ou des qualités, mais qui suis-je pour juger mon unicité? Si le nombre infini des différences et singularités est la « Valeur » de l’existence, alors exclure une seule de ces spécificités c’est se couper de l’Unité.
Lorsque je me dis qu’il faut absolument que je fasse telle chose et que je remue ciel et terre pour y parvenir, je juge que si je ne le fais par cela va maquer au monde et le jugement devient illusion du pouvoir personnel de mon égo. J’ai à cœur à chaque instant de faire de mon mieux, mais qui suis-je pour juger de la perfection de l’état du monde? Si le nombre infini de possibilités de constats de la réalité est la « Perfection », alors exclure un seul de ces constats c’est se couper de la plénitude.
Lorsque je me plie en quatre pour venir en aide à l’autre, parfois même sans qu’il me l’ai demandé et pouvant aller jusqu’à me sacrifier, c’est juger que cette situation est mauvaise pour lui et le jugement devient sauveur. Cette situation peut être humainement inconfortable voir dramatique, mais qui suis-je pour savoir dans quoi son être est le plus susceptible de se « réaliser »? (dans le sens de prendre la responsabilité de son existence). Si le nombre infini de possibilités d’évènements de vie est la spiritualité, alors exclure une seul des directions que prend notre vie c’est se couper du « Sens » de l’existence.
Lorsque je pense que la réalité que je vis dans l’instant devrait être autrement, c’est juger qu’une autre réalité là tout de suite serait préférable pour moi et le jugement devient idéal. Il peut m’être difficile émotionnellement de regarder les choses en face, mais qui suis-je pour choisir la meilleure réalité? Si le nombre infini de perceptions relatives est la « Vérité », alors exclure une seule de ces relativités c’est renoncer à « l’Évidence ».
Lorsque je cherche à recevoir de l’amour de quelqu’un, c’est juger que je ne suis pas un assez bon humain pour réussir et/ou mériter de m’aimer moi-même et le jugement devient conflit intérieur. Il se peut que l’enfant que j’étais n’est pas été accueilli comme il se doit, mais qui suis-je à présent pour juger si je suis ou non aimable? Si le nombre infini d’humain est l’humanité, alors exclure un seul de ces humains c’est ignorer l’Amour.
Lorsque je suis en attente de quelque chose sans aucune ouverture à d’autres éventualités, c’est juger qu’un futur est mieux qu’un autre et le jugement devient « fermeture ». Mon imaginaire aime à se projeter dans l’avenir, mais qui suis-je pour juger l’inconnu qui vient à moi? Si le nombre infini d’inconnu est déploiement, alors exclure un seul de ces inexplorés c’est se fermer à l’émerveillement.
Lorsque je tente de contrôler une situation, c’est juger que ce que je suis n’est pas puissance et le jugement devient « emprise ». Sur le plan humain nous vivons évidemment des injustices et nos avons besoin de comprendre, mais qui suis-je pour juger de ce qui est juste? Si le nombre infini de possibilités est l’Universalité, alors exclure un seul potentiel c’est ne pas être présent à l’abondance.
Lorsque je voudrais être ailleurs où dans une autre situation, c’est juger ma place et le jugement devient déconnexion. Il est a, il est vrai, des situations inconfortables, voir intolérables où pour survivre on a besoin de se couper de son ressenti, mais qui suis-je pour juger de la cohérence de mon intériorité? Si le nombre infini de connexion est fluidité, alors exclure une seule de ses intrications c’est se couper de l’Harmonie.
Lorsque je m’oblige où que je m’interdis, c’est juger ce que je vis dans l’instant et le jugement devient contrainte et enfermement. La vie ne peut pas être sans limites, mais qui suis-je pour juger ce qui se vit en moi et par moi. Si le nombre infini d’expérimentation est Liberté, alors exclure une seule de ces sensations, c’est éteindre ma Joie.
Et chez vous, quelle forme a tendance à prendre le jugement ?
Avez-vous observé l’énergie et l’attention que nous accordons dans notre vie au « comment » ?
Le mot comment provient du latin quomodo venant de quo et modo. Quo ayant pour racine l’indo-européen commun *kʷis signifiant « qui et aussi quoi, ceci ». Modo dérivant de l’indo-européen commun *med[1] signifiant « mesurer, conseiller » et dont pourrait aussi provenir le latin, meditor « méditer ».
Ce qui m’interpelle ici, c’est qu’alors que nous associons la plupart du temps le « comment » à une action et à une manière de faire, il est question dans sa vibration généalogique de « mesurer l’objet », autrement dit de jauger la situation. Il semblerait donc que comment ne résonne pas avec « trouver l’action » et plutôt évaluer, d’observer, qu’il soit question de réflexion voir même d’introspection.
Si on ne centre pas son action sur le « comment » il est aussi possible de la définir par le pourquoi, c’est-à-dire le pour quoi et donc ce que l’on aspire à concrétiser par cette action.
Pour ce qui est de l’étymologie de « pourquoi », il est composé de pour provenant du latin pro- issue d’une origine l’indo-européenne commun, comparez avec le grec ancien πρό, pro (« devant ») et de quoi venant du latin quid/quis ayant lui aussi pour racine l’indo-européen commun *kʷis « qui ».
Dans l’origine de comment, comme dans celle de pourquoi, on retrouve donc l’ancêtre commun *kʷis, pouvant se référer à la fois à qui je suis avec mes envies et mes aspirations et à l’être humain que je représente (par le sens « que »).
Que l’on aborde l’action sous l’angle du « comment » ou du « pourquoi », je ressens ainsi que dans les deux cas, il ne s’agit pas de se centrer sur le moyen de faire et plutôt de se centrer sur « à quoi aspire l’humain que je suis », c’est-à-dire d’aller
ressentir ce qui nous allume.
C’est ainsi que l’on vit l’action juste, la créaction, ou que l’on est proactif, (selon notre façon de le nommer). C’est ainsi que l’on est
cet élan de vie dans la matière.
-Mikaëla Lantoine
Ce mot a pour origine Latine vulnerare provenant de vulnus, venant lui même de vellus désignant la toison. En remontant à des origines plus anciennes cela nous mène à l’indo-européen commun *vel- utilisé pour nommer le poil, l’herbe et la toison. Les mots « vulnérable » et « velu » ont donc la même origine.
Être « velu » c’est avoir beaucoup de poils et comme, une des fonctions des poils est d’augmenter la sensibilité des récepteurs cutanés, être « velu », selon la lecture de la Bioanalogie, c’est donc une invitation à être d’une grande sensibilité. « Velu » et « Vulnérable » ayant la même origine, il a a donc quelque chose de commun dans leur vibration.
Comme si être vulnérable c’est être en capacité de ressentir les choses, or notre ressenti est notre sécurité intérieure. Être vulnérable, ne nous met pas en danger, bien au contraire!